Rel
Rel, « roi à l'esprit libre » (Secrets et « Devenir vivante »), fait tenir les Chroniques..., comme Sutherland fait tenir le cycle de Vrénalik. Les deux ont une dimension mythique. Je me suis exercée à ne pas trop les montrer de près, à garder inviolée une part de leur intimité, pour qu'on sente cette distance par laquelle apparaît leur envergure.
Les vêtements que porte Rel sont une allusion à Hans Christian Andersen. Je possède toujours un album illustré : « Ferme-l'oeil le petit elfe », l'un des contes d'Andersen. Le conte est en sept parties. Chaque jour de la semaine, l'elfe conte une histoire. Les six premières histoires sont joyeuses ou amusantes, tandis que le dimanche, l'elfe parle de la Mort. La Mort est un guerrier en uniforme noir à broderies d'argent. C'est le grand frère du sommeil, personnifié par l'elfe Ferme-l'oeil. Ce grand frère choisit ceux à qui il va conter des histoires, et ils ne peuvent se dérober. Il regarde leur cahier de notes. Il conte une belle histoire à ceux qui ont un bon cahier de notes et une histoire terrifiante aux autres. Il emporte tout le monde sur son grand cheval noir. Et, conclut Andersen, il ne faut pas en avoir peur : il suffit d'avoir un bon cahier de notes. Cette version de la loi du karma pour enfants de culture chrétienne m'avait frappée. J'ai donc habillé Rel comme la Mort dans le conte d'Andersen. Il porte le noir et l'argent.
Même si Rel a le teint brun et a l'air d'un Indien des Indes ou d'Amérique, une source de son apparence physique vient du peintre allemand de la Renaissance Albrecht Dürer. Il a fait le portrait d'un homme dans la trentaine, Ostwold Krel (remarquez l'assonance du nom), qui a un magnifique regard de biais, romantique avant l'heure. Sa tête inquiète et puissante apparaît sur fond écarlate.
Rel a aussi des racines amérindiennes comme Haztlén. Il cultive du maïs (Aboli). Il a le potentiel de changer de forme, ce qui est un thème amérindien. C'est un personnage tourmenté et romantique. S'il avait été triomphant, le lecteur n'aurait rien compris. Il lui fallait des blessures, des aspérités, une dimension tragique, comme l'Amérique dévastée par les Blancs. Son aspect amérindien, voilà ce qui rejoint Vrénalik. Vrénalik, c'est davantage la Côte-Nord que l'Islande. La statue de Haztlén (dont le nom évoque Atlantique), a des allures de statue olmèque ou maya ; elle appartient davantage à l'Amérique centrale. Mais le continent entier a été traversé par ses premiers occupants ; qui sait quelles routes commerciales et légendaires liaient le Golfe du Saint-Laurent au Yucatan ?
Rel a aussi des racines bouddhistes. Malgré ses limites, c'est un maître, quelqu'un qui sait transmettre une sagesse.
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© 2001 Éditions Alire & Esther Rochon