Illustration : Jacques Lamontagne |
Le vingt-quatrième
jour de novembre, en l'année 1103 de Notre Seigneur, en
la forêt de Helmardin, mon seigneur et maître Karélian
de Lys, chevalier du Reinmark, parent et vassal de Gottfried
le Doré, devint l'esclave des forces des ténèbres.
Puisse Dieu avoir pitié de son âme !
C'est ainsi que, trois décennies plus tard, du fond de
sa cellule monacale, Paul von Ardiun, par ordre de ses supérieurs,
entreprend l'écriture de la chronique de Karélian
Brandeis. Car lui seul, en tant qu'ancien écuyer du comte
de Lys, peut dire ce qu'il advint vraiment à Car-Iduna,
le château de la Dame de la Montagne, que nul ne trouve
sinon ceux qu'elle y accueille, et tout ce qui découla
de cette visite, c'est-à-dire la trahison, la guerre et
le trépas des princes...
Devenu homme de Dieu, Paul tient à ce que son récit
loue en tout temps le nom du Seigneur. Mais il n'en va pas de
même de sa plume, ensorcelée par la Dame de Car-Iduna,
et c'est dans les tourments du doute et de la honte qu'il rédige
à son corps défendant son obsédante histoire
de sexe et de sorcellerie !
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