L'année
de la production raisonnable ! Après une année
1990 marquée par l'inflation du roman (pas moins de 39)
et une année 1989 abaissant les records de production,
il semble que la machine éditoriale ait compris les dangers
inhérents à une surproduction en science-fiction
ou en fantastique, comme en littérature générale
d'ailleurs. Ainsi, le nombre de nouvelles – qui s'élève
à 153 – se situe dans la norme d'une année ordinaire.
Avec 30 romans ou récits, la production livresque demeure
toutefois assez élevée en raison de la contribution
des auteurs de littérature jeunesse, les œuvres destinées
aux lecteurs adultes se limitant à cinq.
La production originale de nouvelles en 1991 accuse donc une
baisse mais la répartition entre science-fiction et fantastique
(dans lequel sont inclus le merveilleux et la fantasy) continue
toujours de favoriser ce dernier alors qu'il s'est publié
96 textes fantastiques (63%) et 57 textes de SF (37%).
Le fantastique prédomine toujours dans les recueils ou
anthologies – 67 % des nouvelles fantastiques y sont publiées
– et dans les revues non spécialisées (24%)
tandis que la science-fiction, avec 24 nouvelles, l'emporte de
loin dans les revues spécialisées.
Sur le front des rééditions et des traductions,
une accalmie au chapitre des livres (seulement quatre) mais une
bonne année en ce qui concerne les nouvelles, les 70 fictions
étant surtout remises en circulation dans des recueils
ou anthologies. Pour la première fois depuis longtemps,
ce sont les textes de SF qui dominent alors que 46 d'entre eux
(66%) ont été réédités
ou traduits.
Dernier indicateur d'analyse : le nombre d'auteurs ayant contribué
à la production originale par la publication d'au moins
un texte inédit s'est élevé à 96,
soit à peu de choses près la moyenne des dernières
années. Cependant, on ne compte que 37 nouveaux venus
qui en sont à leur première publication en SF ou
en fantastique. On peut s'inquiéter de cette diminution
qui pourrait traduire une baisse d'intérêt chez
les écrivains en herbe pour l'un ou l'autre genre. J'y
vois pour ma part un signe de maturité et de fidélisation
qui tendrait à démontrer que le noyau d'écrivains
spécialisés s'agrandit petit à petit.
Claude Janelle |
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