La production
de l'année 1986 accuse une diminution par rapport à
celle de 1985 qui a été exceptionnelle à
plusieurs points de vue. En effet, on ne compte pas tous les
ans quatre anthologies de SF.
Passons tout de suite aux principales statistiques. Le nombre
d'écrivains qui pratiquent l'un ou l'autre genre connaît
une hausse constante depuis 1983. Cette année, 95 écrivains
se sont partagé la production inédite, comparativement
à 83 en 1985. Cette contribution s'est traduite par 20
romans (dont une pièce de théâtre), 161 nouvelles
(49 nouvelles dans 4 recueils et 1 anthologie, 112 nouvelles
dans les revues et autres publications). Ces chiffres comprennent
les rééditions, soit 22 nouvelles et 4 romans.
Un coup d'œil sur la production des revues nous permet de constater
que les revues spécialisées n'ont publié
que 57% des nouvelles (soit 64 nouvelles), ce qui représente
une baisse de 9% par rapport à l'année 1985 et
20% par rapport à l'année 1984. J'y vois là
l'indice d'un phénomène nouveau qui devrait avoir
un effet bénéfique sur le rayonnement de la science-fiction
et du fantastique. En effet, cette statistique démontre
que la diffusion de ces deux genres ne repose plus uniquement
sur les revues spécialisées. D'autres lieux de
création littéraire (XYZ et L'Écrit
primal, pour ne nommer que ceux-là) ont pris le relais
et accueillent la science-fiction et le fantastique. Ces genres
ne peuvent que profiter, à long terme, de cette multiplication
des débouchés, à condition que ces revues
ne perpétuent pas des préjugés déplorables.
En 1986, il y a eu prépondérance de la science-fiction
sur le fantastique. En effet, on compte 14 romans et 80 nouvelles
de SF tandis qu'en fantastique, dans lequel on a inclus la fantasy
et le merveilleux, on relève 6 romans (parmi lesquels
nous avons inclu une pièce de théâtre) et
81 nouvelles. Ce n'est pas tant au chapitre de la quantité
qu'à celui de la qualité que la différence
se fait davantage sentir. Si l'on fait exception du recueil très
travaillé de Marie José Thériault, L'Envoleur
de chevaux, il y a eu très peu de nouvelles fantastiques
remarquables publiées dans les revues.
Il est difficile de dégager, dans la production courante,
une tendance qui se manifesterait ouvertement. C'est le règne
de la diversité qui s'impose avant tout. Néanmoins,
il faut souligner le fait que plusieurs textes abordent les thèmes
traditionnels de la SF sous l'angle de l'humour ou de la satire,
ce qui n'était pas très fréquent auparavant.
Outre April qui en a fait sa marque de commerce et François
Barcelo, on compte maintenant Luc-André Mercier, Pierre
Corbeil, Richard Jodoin, Jeannoël Chouinard et Jean-François
Somcynsky. Il est sans doute trop tôt pour parler de
tendance mais cette recrudescence de la pratique de l'humour
en SF est à suivre.
Claude Janelle |
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