L'ASFFQ 1992

L'année des nouveaux auteurs ! L'année 1992 aura été en effet marquée par une entrée massive de nouveaux auteurs sur le marché de la science-fiction et du fantastique québécois. Parmi les 136 auteurs qui ont fait paraître au moins un texte de fiction dans ce domaine, pas moins de 80 d'entre eux en sont à leur première expérience de publication. Du côté des auteurs connus ou établis, leur nombre, qui s'établit à 56 en 1992, demeure stable. Cette poussée spectaculaire de la relève constitue une réplique éclatante à mon inquiétude de l'année précédente alors que je me tracassais devant la baisse d'intérêt, chez les écrivains en herbe, pour la science-fiction et le fantastique.
Cette riche moisson peut s'expliquer en partie par l'émergence de nouveaux lieux de publication comme Le Polyscope et Brèves littéraires, mais surtout par la parution de plusieurs collectifs comme Accostages (éditions du Blé), Dès lors, la folie… (Association des Écrivains du Centre du Québec) et Faudrait pas que la terre devienne plate… (Oxy-Jeunes/Fides).
En fait, et pour ajouter au « record » de cette année, il aurait été plus juste de parler de 111 nouveaux auteurs puisque Le Lac disparu, un « conte dont vous êtes le héros » paru chez Québec/Amérique et signé Reynald Cantin, a en fait été écrit par les 31 élèves de sa classe de secondaire III ! Voilà une belle initiative d'un enseignant qu'il convient de souligner, à défaut de l'intégrer à nos statistiques !
Le nombre de romans inédits publiés cette année s'est élevé à 38, rejoignant presque le nombre record de 39 établi en 1989. La production romanesque est avant tout l'affaire des écrivains pour la jeunesse puisque 28 romans sont destinés au jeune public. Plusieurs de ces œuvres s'inspirent du jeu Nintendo, si bien qu'il en résulte une esthétique particulière chez des auteures comme Isabelle Gélinas (Le Mystère du Marloland) et Danielle Simard (La Revanche du dragon) notamment. On constate aussi l'expression soutenue d'un courant qui prend petit à petit de l'ampleur au Québec, celui de la fantasy.
Quant à la production de nouvelles, elle demeure relativement stable à 163. Il faut noter le redressement des revues spécialisées qui ont augmenté leur part de marché, passant de 22% à 34% des nouvelles inédites publiées. Un peu comme toujours, le fantastique prédomine avec 92 textes contre 71 pour la science-fiction, les revues spécialisées se taillant inévitablement la part du lion dans ce dernier genre avec 52%.
Au chapitre des rééditions et des traductions, 8 romans et un total de 42 nouvelles ont connu une deuxième vie. Si la SF l'emporte haut la main dans le secteur livresque avec six romans contre deux, le fantastique reprend sa position habituelle de leader de la réédition (qu'il avait cédée l'année dernière) dans les recueils et anthologies avec 26 nouvelles contre 16.

Claude Janelle